Titisch avant sa mort en octobre 2011 (Tina Cankovic)
A chaque circonscription ses problèmes. Dans la sixième circo des Hauts-de-Seine, le candidat et maire de Neuilly, Jean-Christophe Fromantin, doit gérer les rapports entre ses agents communaux et les animaux domestiques.
Prenez l’affaire Titisch. Tina Cankovic, une habitante de la
ville dont le chien est décédé en octobre 2011, critique la candidature
de Jean-Christophe Fromantin aux législatives. Selon elle, Titisch a été
caillassé par un agent communal, et le maire aurait « géré cette
affaire avec mépris et dédain ». Il lui semble incompatible qu’un
candidat qui « n’aime pas les chiens » se présente à la députation.
Le service études et contentieux de la mairie de
Neuilly-sur-Seine a confirmé avoir traité l’affaire et remboursé à Tina
Cankovic la moitié des frais de vétérinaire. Le maire n’a pour le moment
pas commenté la critique de Tina Cankovic à son égard.
Voici le témoignage de la Neuilléenne (les intertitres sont de l’auteure du texte).
Fanny André
Les faits
Le 28 septembre 2011, vers 9h30 du matin, ma sœur, Valérie Cankovic,
sort de chez elle avenue de Perronet par le boulevard de la Saussaye à
Neuilly-sur-Seine, pour promener notre chien Titisch. Titisch est tenu
en laisse courte, et ils marchent tous deux le long des arbres du
boulevard.
Le lieu de promenade quotidien de Titisch (Tina Cankovic)
Titisch urine comme à son habitude depuis des années à côté d’un
arbre. Mais la bande de terre sur laquelle il se promenait et urinait
depuis toujours, a été transformée, depuis deux jours, en parcelle
gazonnée.
Précisément, un agent communal des espaces verts travaille à cet
endroit. Celui-ci agresse verbalement ma sœur, avec tant de haine et de
violence que ma sœur prend peur et décide de rebrousser chemin.
Au bout d’à peine cinq minutes de promenade, Titisch et Valérie s’apprêtent à rentrer chez eux.
La radiographie du crâne de Titisch réalisée par un vétérinaire après l’accident (Tina Cankovic)
Mais l’agent communal les attend. Il s’est posté face à leur entrée, à
une dizaine de mètres, une grosse pierre à la main. De cette distance,
il vise la tête de Titisch. Titisch s’effondre sur le champ dans un
grand hurlement.
Il est emmené à la clinique vétérinaire, dans le coma. Il présente un
enfoncement de la boîte crânienne de 3 cm. Il subit trois interventions
chirurgicales.
Il reste un mois à la clinique à agoniser dans des souffrances atroces. Aux termes desquelles il décède le 27 octobre 2011.
L’agent communal, devant son responsable, ne fait preuve d’aucun
regret. Bien au contraire, il affiche un sourire odieux et méprisant.
Gestion de l’affaire par le maire de Neuilly-sur-Seine
Ce 28 septembre, je contacte la mairie et, en hurlant, je demande qu’un responsable se rende immédiatement sur place.
Le responsable et son directeur général des services techniques
viennent. Nous leur exposons précisément les faits. L’agent communal a
avoué en affichant une certaine fierté et autant de désinvolture pour
son geste.
J’attends le jour même monsieur le maire sur les marches de la
mairie, et je lui en parle de vive voix. Il m’a répondu qu’il verra
cela.
La suite de la gestion est tout aussi catastrophique que scandaleuse.
Après l’accident, nous ne recevons aucune lettre d’excuses de la part
de la mairie, pas un appel pour demander des nouvelles de Titisch. Au
bout de dix jours, l’état de Titisch se complique et les frais
vétérinaires commencent à devenir importants, bien au-dessus de nos
moyens. [...]
Après un e-mail de menace, le maire me répond en me faisant
comprendre qu’il va transmettre le dossier au service des sinistres,
mais qu’il n’a pas le temps de s’occuper des chiens car sa priorité
réside dans ses administrés.
Le service des sinistres me contacte. Le courtier d’assurance du
maire nous envoie un courrier scandaleux, dans lequel la version des
faits est erronée, et par lequel il nous informe que les torts sont du
côté de ma sœur, mais
qu’il accepte toutefois de régler la moitié des frais vétérinaires. [...]
Le lieu de l’accident à Neuilly-sur-Seine (Tina Cankovic)
J’en fais part au maire, je lui fais également part de son ignoble désintérêt pour notre chien.
Celui-ci m’adresse en retour un courrier odieux, le seul d’ailleurs qu’il aura
daigné
m’écrire. Titisch décède moins d’une semaine plus tard, je suis brisée.
Les frais vétérinaires s’élèvent à plus de 10 000 euros et, à ce jour,
ne sont pas soldés.
En fin d’année, nous avions décidé de mettre en route une pétition
pour demander au maire de prendre ses responsabilités. Cette pétition a
recueilli 80 signatures.
Depuis, nous avons revu l’agent criminel travaillant dans Neuilly
comme si rien ne s’était passé. En nous voyant, il nous a adressées un
air railleur et nous a narguées.
La commission de discipline l’a sanctionné par une mise à pied de
cinq jours. Il a massacré notre chien, et aux yeux de la commission de
discipline, cela vaut cinq jours de mise à pied, alors que la loi
condamne un tel acte à deux années d’emprisonnement !
Le maire a lui-même déclaré à une personne : « Il n’avait qu’à pas
pisser sur l’herbe ce chien, il faut respecter le travail des agents. »
Et dire que cet homme va peut-être devenir député !
Appel à la justice
J’ai par conséquent déposé une plainte auprès du procureur de la
République de Nanterre en date du 7 juin 2012, contre la mairie de
Neuilly et son agent communal pour acte de cruauté envers les animaux.
Auparavant, j’ai adressé trois courriers au maire de Neuilly :
- le premier pour lui faire part de la pétition ;
- le deuxième pour répondre à son ignoble courrier ;
- et le dernier pour engager sa responsabilité en cas de nouvelle agression par son agent qu’il défend tant.
Je prépare une deuxième plainte contre la mairie de Neuilly et
le maire, Jean-Christophe Fromantin, ainsi que son directeur général des
services techniques, pour l’ignoble gestion de cette affaire.